Peindre "sur le motif" : les impressionnistes

Publié le par cristinedg

C'est vers 1830 qu'une nouvelle génération de peintres, déçue par l'enseignement de l'Ecole des Beaux Arts et les refus des jurys des salons, décident de sortir des ateliers et d'aller surprendre "la Nature chez elle", ouvrant ainsi la voie à l'Impressionnisme.

On appellera plus tard ces artistes, peintres paysagistes et animaliers en majorité, "l'Ecole de Barbizon", du nom du célèbre hameau de la forêt de Fontainebleau qui abrite l'auberge où ils avaient l'habitude de trouver un hébergement convivial et peu onéreux.

"Troupeau dans la poussière"Ferdinand Chaigneau
huile - Musée Municipal de Barbizon

C'est  l'utilisation des tubes de peinture, inventés depuis 1834, qui permet à ces peintres de disposer d'une autonomie de travail pour s'isoler "sur le motif", parfois une journée entière. Pour eux, "tout ce qui est peint directement sur place a toujours une force, une puissance, une vivacité de touche qu'on ne retrouve plus dans l'atelier." (Eugène BOUDIN)

Les peintres impressionnistes, qui se veulent des réalistes, choisissent leurs sujets dans la vie contemporaine, dans un quotidien librement interprété selon la vision personnelle de chacun d'eux. Travaillant « sur le motif », comme souvent les peintres de l'école de Barbizon, comme certains paysagistes anglais, comme Boudin ou Jongkind, ils poussent très loin l'étude du plein air, font de la lumière l'élément essentiel et mouvant de leur peinture, écartant les teintes sombres pour utiliser des couleurs pures que fait papilloter une touche très divisée. Peintres d'une nature changeante, d'une vie heureuse saisie dans la particularité de l'instant, ils sont indifférents à la recherche, chère aux classiques (et dévoyée par les académistes), d'un bel idéal et d'une essence éternelle des choses. Pissarro et Sisley, qu'accompagnent d'autres artistes dont les personnalités respectives évolueront de façon nettement distincte : Auguste Renoir, Paul Cézanne, Edgar Degas, Berthe Morisot, Guillaumin, Cassatt, Caillebotte, etc. ainsi que Frédéric Bazille qui mourut avant la reconnaissance du mouvement.

Alors que Camille Corot prétendait rester étranger au mouvement, il est souvent considéré comme le premier impressioniste :

"Il y a un seul maître, Corot. Nous ne sommes rien en comparaison, rien" Claude Monet 1897. " Il est toujours le plus grand, il a tout anticipé..." Edgar Degas, 1883

Impression, soleil levant
Agrandir
Impression, soleil levant

L'impressionnisme est un point de départ pour Georges Seurat et Paul Signac, maîtres du néo-impressionnisme, pour Paul Gauguin, Henri de Toulouse-Lautrec, Vincent Van Gogh ainsi que pour de nombreux « postimpressionnistes », en France et à l'étranger comme Jean Peské. Le terme gagne la critique musicale (1887), qualifiant les œuvres de Claude Debussy et, plus généralement, celles de tous les compositeurs préoccupés par la perception subjective des couleurs sonores et des rythmes  : Ravel, Dukas, Satie, Roussel, etc. Les musiciens impressionnistes mirent à l'honneur la liberté de la forme, de la phrase et du langage harmonique.

L'impressionnisme se singularise par le fait que l'on peut parler de l'œuvre sans avoir besoin de références extérieures, à la différence de l'art antique qui est basé sur la mythologie, et de l'art roman destiné à diffuser une idéologie. Citons en exemple le tableau Olympia de Manet qui explore un thème traditionnel mais de manière choquante pour cette période : Vénus est représentée en demi-mondaine de l'époque et le peintre travaille uniquement la peinture (Couleurs). Cet « amimétisme » (vision non réaliste) fera sa naissance avec l'art moderne.

Publié dans Aquarelles

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
T
.
Répondre